Où en est-on, et comment s’engager ?

Pourquoi agir en montagne maintenant

La montagne est « en amont » des vallées, des rivières et des océans : un déchet abandonné sur une piste ou au pied d’un télésiège peut voyager très loin (pluie, fonte, ruissellement, vent), fragmenter en micro-plastiques et finir… en mer.

Réduire les déchets à la source en altitude a donc un effet levier bien plus grand qu’en aval. C’est précisément le cœur de l’initiative Montagne Zéro Déchet sauvage en 2030 (MZD), animée par Mountain Riders et ses partenaires.

Les chiffres 2023 : ce que montrent les diagnostics de terrain

En 2023, MZD a mené des opérations de ramassage avec caractérisation (tri/quantification fine) sur 70 sites, mobilisant 3 950 personnes et permettant de retirer 15 tonnes de déchets des milieux montagnards. En extrapolant à l’ensemble des domaines skiables français, l’ordre de grandeur atteindrait ~250 tonnes par an, signe qu’il reste un gros potentiel d’action locale.

 

Répartition des déchets par matière (en poids, 70 ramassages caractérisés)

  • Plastique 24 %

  • Métal 20 %

  • Bois 21 %

  • Verre 6 %

  • Papier 3 %

  • Textile 4 %

  • Caoutchouc 1 %

  • Autres 21 %.

Les matières lourdes (bois, métal) masquent la pollution nombreuse mais légère : mégots, fragments plastiques, emballages

Top 5 “déchets indicateurs” (pièces comptées une à une)

Les “déchets indicateurs” offrent une photographie précise, pertinente et révélatrice des objets les plus fréquemment rencontrés, observés et aisément repérables sur les différents et nombreux sites de montagne :

  1. Mégots de cigarette : 83 700 comptés (sur les seuls sites caractérisés). Extrapolé à tous les territoires de montagne, cela représenterait ~1,3 million de mégots. Impact majeur : fuite de métaux lourds, nicotine et microfibres plastiques.

  2. Emballages alimentaires : 8 622 pièces (barres, snacks, films, etc.)

  3. Canettes : 4 126 (aluminium)

  4. Jalons de piste : 2 614 (matériel d’exploitation ski, souvent abandonné en fin de saison ou cassé).

  5. Déchets liés aux chantiers : polystyrènes de chantier 1 379, ferrailles 1 507, plastiques/mousses 1 125, regroupés et collectés pour le recyclage ou l'élimination appropriée (provenant d’aménagements, travaux, maintenance, ou autres activités liées aux interventions sur site)

Bon à savoir : sur l’année 2023, Mountain Riders recense un total impressionnant de 69 333 participants mobilisés autour de MZD depuis l’origine de cette dynamique, et met en avant l’importante montée en puissance des territoires en autonomie (50 % des opérations caractérisées ayant été réalisées sans la présence d’une équipe MR sur place).

Et le plastique invisible ?

Au-delà des objets comptés, les études scientifiques montrent de façon alarmante la présence de microplastiques jusque dans les lacs d’altitude, transportés par des dépôts atmosphériques invisibles mais persistants. D’où l’importance cruciale d’agir en amont ainsi qu’à la source, en misant sur des stratégies comme la réduction, le réemploi et l’adoption de meilleures pratiques professionnelles et à destination du grand public.

Ce que change l’initiative pour les territoires et les pros

La filière “montagne” (domaines skiables, écoles de ski, offices de tourisme, communes, hébergeurs, restaurateurs…) est directement concernée : une part notable des déchets provient des activités économiques (exploitation, chantiers, événementiel), et une autre du grand public, souvent peu conscient des conséquences environnementales de ses actions. La bonne nouvelle : chaque acteur a une part de la solution (prévention, retrait des produits à usage unique, collecte à la source, organisation, marchés publics, formation), ce qui offre de multiples leviers d'amélioration.

Un enjeu crucial : l'éducation et la sensibilisation, car il s'agit d'une clé essentielle pour réduire durablement l'impact. En effet, l'impact négatif des déchets peut être fortement réduit en informant et en formant, de manière répétée et claire, les vacanciers, les professionnels et les résidents locaux sur les bonnes pratiques environnementales.

Des campagnes de sensibilisation, des programmes pédagogiques dans les écoles, ou encore des affichages clairs et attractifs dans les stations peuvent jouer un rôle décisif pour modifier les comportements et encourager une gestion plus responsable des déchets, avec des effets positifs immédiats et durables sur la qualité de l'environnement montagnard.

La Charte “Montagne Zéro Déchet sauvage en 2030”

Pour passer du “ramassage curatif” à la réduction à la source, MZD propose une Charte nationale qui fixe des engagements clairs et concrets. La signature de cette charte s’accompagne d’un plan d’actions spécifiquement adapté à chaque structure signataire, en fonction de sa nature et de ses besoins.

Les secteurs visés disposent chacun d’un plan type détaillé à télécharger et à personnaliser selon leurs particularités : communes, communautés de communes, offices de tourisme, domaines skiables (alpin/nordique), écoles de ski, restaurateurs, commerçants, hébergeurs, aménageurs/monteurs, bureaux d’études, clubs de ski… L’idée centrale est de s’approprier le plan, de l’enrichir par des contributions adaptées, de le mettre en œuvre et de suivre les progrès réalisés de manière précise et régulier.

Afin de renforcer cet engagement et d’assurer une mobilisation cohérente et durable, MZD met en place des ateliers de sensibilisation et de formation ciblés. Ces sessions interactives, destinées aux différentes parties prenantes, permettent de mieux comprendre les enjeux environnementaux locaux, d’adopter de nouvelles pratiques et de partager des solutions concrètes. En favorisant les échanges d’expériences enrichissants et en offrant des outils pratiques et adaptés, ces ateliers jouent un rôle central et essentiel dans l’accompagnement des signataires vers une transition profonde, réussie et durable.

Comment ça marche (en résumé)

 

 Dans un premier temps, le signataire commence par choisir sa catégorie (commune, domaine skiable, OT, etc.). Ensuite, il procède au téléchargement du plan d’actions type correspondant, qu’il adapte et personnalise en fonction de ses besoins concrets (par exemple : prévention, gestion des chantiers, logistique événementielle, consignes spécifiques aux prestataires, dispositifs anti-littering, etc.). Enfin, pour clore le processus, il signe la Charte (une procédure entièrement dématérialisée est possible), s’engage à la respecter, et assure un suivi ainsi qu’une évaluation régulière de sa mise en œuvre. 

Les modalités de signature ainsi que le texte complet de la Charte sont publiés et mis à disposition par Mountain Riders (accessible via le portail officiel “Montagne Zéro Déchet 2030”).

 


Signée la Charte Nationale Montagne Zéro Déchet Sauvage en 2030

La Charte Montagne Zéro Déchet Sauvage 2030 s’adresse aux organismes (collectivités, écoles de ski, stations, offices de tourisme, commerçants, etc.) qui souhaitent s’engager officiellement et mettre en place un plan d’actions.

Si tu es un particulier et que tu veux toi aussi agir concrètement en ramassant des déchets en montagne, on te redirige vers notre article dédié aux CleanWalks, où tu trouveras toutes les infos pour participer à des ramassages ouverts à tous.